Au revoir APB, bonjour « Parcoursup »

Rédigé le 15 décembre 2017 par Christine Despretz

APB définitivement enterré après son échec retentissant et très médiatisé, la nouvelle plate-forme, qui s’appellera « Parcoursup », ouvrira le 15 janvier. Les lycéen-nes inscriront dix vœux maximum et recevront les réponses au fil de l’eau, à partir de mai.

Fini le tirage au sort et place aux « attendus ».

Au gouvernement, on se garde bien d’employer les termes de « sélection » ou « prérequis » mais on parle « d’attendus ». Désormais l’inscription dans une formation en licence générale pourra « être subordonnée à l’acceptation, par le candidat, du bénéfice des dispositifs d’accompagnement pédagogiques ou du parcours de formation personnalisé proposés par l’établissement pour favoriser sa réussite ». Seront pris en compte les résultats scolaires, mais aussi le projet ou encore la motivation. Dans ce cadre le conseil de classe donnera également son avis favorable ou défavorable et l’université aura accès aux dossiers des lycéen-nes-s.

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Mais comment ça marche ?

Sur la plate-forme, le candidat-e pourra recevoir plusieurs réponses : « oui », « oui si » ou « en attente », pour n’importe quelle licence générale, en tension ou pas. « “Oui si”, ça veut dire que l’équipe pédagogique (…) considère que le bachelier a besoin d’être accompagné de manière spécifique », a précisé Frédérique Vidal. Il pourra lui être par exemple proposé un parcours avec « plus de travaux dirigés, plus de méthodologie ou davantage de temps pour mûrir son projet ». On lui proposera alors un parcours personnalisé, en fonction de la nature de son bac (général, professionnel ou technologique), de sa motivation, de son projet. Même ses activités extrascolaires pourront appuyer sa demande.
L’élève devra donc accepter une formation intégrée dans la filière choisie si il ou elle veut voir ses chances de transformer ce « oui si » en « oui ».

En y regardant de plus près on s’aperçoit qu’au final ce sont les formations de l’enseignement supérieur qui feront le choix de leurs étudiant-e-s dans la limite des places disponibles. La sélection des candidat-e-s, car si il y a choix il y a sélection, se fera donc en fonction d’un profil défini par chaque filière universitaire. Le bac ne sera donc plus la condition nécessaire pour s’inscrire en études supérieures. Ce projet de loi sur l’orientation permet ainsi de généraliser une sélection sur dossier même pour des formations universitaires autrefois ouvertes à tous et toutes. Une réforme qui pourrait susciter la colère des étudiant-e-s et des lycéen-ne-s.
Des syndicats d’étudiants et d’enseignants dénoncent une « sélection déguisée »

 

L’UNEF réclame une hausse des moyens, pour au moins accompagner la hausse démographique. Mais pour le moment, les opposants peinent à mobiliser les jeunes et l’appel à manifester le 16 novembre aux côtés de la CGT, FO et la FSU a été peu suivi.

 

Cette faible mobilisation s’explique sûrement par la capacité de Communication de choc mise en place par le gouvernement pour endormir la jeunesse et la protestation car soyons clair le tirage au sort tout comme la sélection sont la conséquence du manque de moyens et de places !

La solution ne serait-elle pas de réclamer une hausse des moyens, pour au moins accompagner la hausse démographique et ainsi mettre fin à une pénurie organisée? Ce n’est pas d’aujourd’hui que nous parlons des répercussions démographiques du boom de l’an 2000 sur les besoins en matière d’enseignement de de formation, et si le gouvernement veut continuer à Porter 80 % d’une classe d’âge au bac, il faut qu’il en donne les moyens : près de 79% d’une classe d’âge obtient désormais le bac, d’après les chiffres de l’année 2016 (51% un bac général, 20% un bac technologique et 29% un bac professionnel). Et quand on sait qu’il manque déjà l’équivalent de trois universités en France pour accueillir l’ensemble des bacheliers et bachelières alors qu’ils et elles seront entre 40 et 50 000 de plus l’an prochain !

Mais plutôt que de tirer la France vers le haut en donnant les moyens à la jeunesse de se qualifier, de se former pour répondre aux besoins du marché du travail, le gouvernement Macron met en place un système de tri des bachelier-e-s à l’entrée de l’université. Cette réforme va à l’encontre de la loi garantissant à chaque étudiant-e de pouvoir intégrer la filière universitaire de son choix. L’article L.612-3 du Code de l’éducation garantissant le droit de tout bachelier d’intégrer la filière universitaire de son choix serait donc lui aussi remis en cause…

Le libre accès à l’université pour tous les bachelier-e-s doit rester un droit.

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